8ème jour : Samedi 12 Août - Rebourseaux / Chablis (HIPS !)
Le 8ème jour, … où Dieu créa la pluie. Météo désastreuse. Alternance de petites giboulées et de grosses averses. On arrive cette fois-ci à s’abriter tant bien que mal sous des arbres. J’ai la bonne idée pour garder les chaussures au sec, d’envelopper nos pieds dans des sacs plastiques. C’est moche mais très efficace !
Clémence s’impatiente sous sa bulle. Elle ne comprend pas ce stationnement, ça fait des jours que ça roule, que se passe t-il ? quelle ingrate ! Si elle connaissait sa chance. J’essore la patte de la vache (le doudou !), que j’ai laissé légèrement dépasser de la poussette.
On progresse lentement, 500 m par 500 m. Après 200 bornes, ça devient laborieux. Moins on marche, plus c’est épuisant.
20 minutes d’arrêt en moyenne entre chaque ondée. Terrible !
Notre moral commence à dégouliner et notre morosité à déteindre.
On trouve des Reines-claudes pour agrémenter le pique-nique du midi. On met notre récolte au sec pour tout à l’heure.
Pour l’instant, impossible de se poser, tout est mouillé et il ne fait pas chaud.
On a dépassé la barre des 200 Km, même pas envie de fêter ça vu l’humidité ambiante !
On croise sur la route une troupe de Scouts tirant une charrette bricolée maison. Ça ressemble à notre équipage, en plus grand, et on n’a pas les mêmes chapeaux !
Température moyenne (en journée, dois-je préciser…) : 15° C. BRrrrr ! peut mieux faire en plein mois d’Août.
Chablis : les premiers coteaux en vue. Eric souffre toujours d’une énôôôrme ampoule au petit doigt de pied. Elle est tellement grosse qu’elle tient à peine sur la surface du petit doigt ! D’ailleurs, quand Eric a retiré le pansement, je lui ai demandé où était l’ampoule ? Justement, c’était tellement enflé qu’on ne voyait plus la peau… Aïe, Aïe, Aïe !
Je lui refais une « poupée » avec un Compeed, du sparadrah et du coton pour bébé (Clémence apporte sa contribution au sauvetage) en guise d’airbag amortisseur au bout de la chaussure.
Et on repart, clopin-clopant pour Eric. Désolée, la poussette est déjà occupée !
Encore une (grosse) averse. Le moral des troupes est atteint. On arrive enfin à pique-niquer vers 14H sous un abris bus à l’entrée de Chablis.
On ne sait pas si c’est à cause du froid ou du petit pot qui ne passe pas, mais la couche de Clémence a encore débordé, et là, c’est la cata ! Pas de robinet en vue, mis à part l’eau qui tombe du ciel. La providence est en train de nous lâcher. Il pleut, il fait froid, c’est vraiment la m----e, au sens figuré comme au sens propre. Enfin, si on peut dire ça dans une telle situation, et encore, je ne parle pas de l’odeur.
Je change Clémence en vitesse, j’emballe bien les vêtements sales et on arrive à reprendre la route en zigzaguant entre les gouttes.
Vu l’heure et la météo, on commence vraiment à se poser des questions. On passe enfin le panneau « CHABLIS ». C’est le début d’après-midi. A peine le panneau franchi, que, déjà, nous sommes à nouveau obligés de nous abriter. Un vrai déluge, digne de l’Arche de Noé.
Marre, marre, marre…
On arrive au week-end du 15 Août, dans le coin, assez touristique, c’est peine perdue que de vouloir trouver un hébergement. L’Office de Tourisme confirme que tout est complet. Quant au camping, inutile d’y penser, ça doit ressembler à un marécage durant la mousson.
STOOOOPPP !!!
On sort notre joker : le « 50-50 » ? (on arrête, on continue ?), « appel à un ami » ? (au secours, venez nous chercher !).
Ce n’est pas « Qui veut gagner des millions » mais plutôt « Koh-Lanta sur l’Ile de la Désolation » ou encore « Lost » : on est perdus, Help !
Il reste environ 60 Km jusqu’à Clamecy (soit 2 étapes). Vu la météo, vu l’état des pieds à Eric et sa tendinite latente, sans parler de Clémence qui commence à être malade, c’est la Bérézina : drapeau blanc, on rend les armes et on décide de capituler.
Allo ? on fait fonctionner l’«assistance rapatriement ». C’est Sylvain qui répond au SOS randonneurs en détresse. Il y gagnera une bouteille de Chablis.
Gournay-Chablis, ça sonne bien aussi ! c’est une belle ville pour écrire « The End », après une aventure de 217 Km, tout de même !
Aucuns regrets, à cause de mes deux petits boulets ! c’est plus raisonnable de s’arrêter là, même si on n’aime pas s’avouer vaincus, question d’amour-propre.
Dommage d’abandonner si près du but. C’est la première fois que l’on n’atteint pas le bout de nos projets.
On va attendre notre sauveteur dans le centre du bourg. Nous passons devant un camion-pizza, notre fantasme quand on randonne. Jamais là au bon moment !
On s’achète tout de même un petit éclair au café histoire de se remettre de nos émotions et nous consoler.
Sylvain nous récupère, il ne connaissait pas Chablis, on lui en donne l’occasion ! Clémence s’endort comme une bienheureuse dans son siège-bébé, bercée par la voiture (à moteur, celle-ci).
Elle ne se rend pas compte qu’elle a parcouru 217 Km alors qu’elle ne marche pas encore !!!