Dimanche 9 Août, J6 : Mainsat – Gentioux (près du Lac de Vassivières)
Petit déj’ au calme, les autres occupants sont rentrés tard d’une noce cette nuit, pas très discrets d’ailleurs. Bon, c’était un évènement à arroser, on sera indulgents… Ils ont surtout eu beaucoup de mal à trouver la serrure. La fenêtre de notre chambre donnant au dessus de la porte d’entrée, on ne pouvait pas les rater. C’est marrant, quand on est légèrement « imbibés », on est persuadé de chuchoter discrètement…
L’accueil est toujours aussi sympa que la veille. Lors de nos différents contacts téléphoniques, on avait eu une bonne impression. On se trompe rarement. D’ailleurs, Eric a parié avec moi, mais j’adhère de toute manière à ses pronostics, je sais son talent de commercial pour « jauger » les gens.
Normalement, les gens chez qui on dort ce soir, eux, ne sont pas très « baisant » (ça c’est l’expression à Eric ! Désolée...) Bon, on s’en fout, on ne dort pas avec, mais chez eux !!!!!!
Je profite de la pause déjeuner pour commence à relater dans mon carnet de voyage les évènements de la matinée. Ainsi, les impressions sont prises sur le vif. Nous sommes actuellement à Felletin, au sec sous un bel abris bus en bois, que seule la province a le privilège de conserver en bon état. On a même droit à un semblant d’accalmie. En effet, la pluie est de la partie depuis ce matin, pratiquement dès notre départ de Mainsat. Pas GLOP ! On s’en serait douté : au petit matin, la brume recouvrait la vallée, il ne faisait pas chaud. Pour la première fois, on a sorti les T-shirts à manches longues. Au fil de la journée, ça n’a fait qu’empirer. On s’est pris un déluge à partir du milieu de la matinée, et ce sera comme ça jusqu’à l’arrivée à Gentioux. BRRRrrrrr. Vivement ce soir qu’on se mette au chaud. C’est la seule motivation qui m’empêche de râler.
Au final, ce sera une journée à l’image du temps… je m’explique sur le programme du jour:
à 10H: on installe en quatrième vitesse les capotes pluie sur les remorques, on met les K-way et on affronte notre première averse de ces vacances.
10H05 : « COUINC-COUINC » commence à faire une des roues de la remorque à Clémence… Manquait plus que ça… La poisse. C’est vraiment pénible, on n’arrive pas à voir d’où ça vient. Hormis ça, il faut bien continuer à pédaler si on ne veut pas fondre sous la pluie, pas chaude, dois-je préciser…
Finalement, on va essayer de bricoler un peu. Eric transporte dans son « coffre », la « trousse de toilette à outils » Dans nos micro bagages, on a prévu l’essentiel, dont les outils en cas de crevaison, et, d’après une récente expérience, même un pneu neuf . Encombrant et superflu ? c’est pourtant ZE truc très important, le pneu, si, si !*
*Entre parenthèse :
En Mai dernier, alors en vacances dans l’Orne, nous avions décidé d’une grande sortie vélo, pour s’entraîner. Il faisait exceptionnellement très chaud. Et PAF ! au bout de 15 bornes, j’ai éclaté un pneu, dans un grand « BOUM ».
Par chance, je venais juste de poser le vélo et de descendre Manon. Tout ça parce qu’en passant dans un bled, il y avait une brocante et on a voulu s’arrêter pour acheter une crêpe. Je suis là pour témoigner ! La crêpe m’a sauvée d’une chute certaine !
Du coup, Eric a dû rentrer tout seul au gîte pour chercher la voiture « balai ». Par bonheur, on a trouvé pour la suite de notre séjour le pneu idéal sans avoir à courir trop loin.
C’est ballot tout de même ! car juste avant de partir, on avait parler de les changer avant cet été car les miens étaient d’origine.
Notre 2ème avertissement, car il nous est arrivé la même mésaventure 3 ans auparavant avec le VTT à Eric. Déjà en vacances dans l’Orne cette année-là, , il avait fallu aller jusqu’à Alençon pour trouver des pneus.
En prime, durant cette semaine, il a fallu réparer la poussette-canne avec les moyens du bord, façon Mac Gyver. Alors, forcément, on devient prévoyants… Fin de la parenthèse !
11H30 : SOS ! Eric fait de la mécanique sous la flotte. On a déchargé Clémence, ça déleste de moitié la remorque! il démonte les roues , il remet de la graisse sur les axes, et refait un essai à vide, ça a l’air de faire moins de bruit ? GNIC-GNIC-GNIC… pas évident.
Faut se rendre à l’évidence, l’intervention a été vaine… il faut pourtant se remettre en selle pour avancer.
Passage éclair à Aubusson. Pas même le temps ni l’envie de faire du tourisme. Je fais juste quelques courses, Eric garde les vélos, les filles restent à l’abri dans leur charriotes, bien au chaud sous leur « serre tropicale». Dommage, j’ai pas le courage de sortir mon appareil photo sous ce magnifique déluge. Tant pis, je n’aurais pas de photos d’Aubusson. Par beau temps, ce doit être plutôt sympa : des ruelles pavées, des maisons à colombages, les bords de la Creuse. Tout pour plaire, à part la météo.
Pour couronner le tout, les panneaux indicateurs ne sont pas de la partie. Pour une fois, mon Schtroumpf Michelin, tout trempé qu’il soit, sèche pour nous trouver le bon chemin. On a beau tourner en vélo, retourner la carte dans tous les sens, on ne trouve pas la bonne direction. HELP ! Par chance, on tombe enfin sur LE quidam capable de nous rencarder correctement. Ce ne sera pas l’itinéraire initialement prévu, on empruntera une route secondaire, mais heureux d’avoir été remis sur les rails par ce samaritain. D’autant plus que cette départementale s’avèrera agréable, grâce notamment à un revêtement récent, et surtout, elle offre moins de relief, petit détail qui s’apprécie vu la matinée difficile qu’on vient de vivre : je ne supporte pas la pluie, et en vélo, c’est carrément insupportable. J’ai froid aux mains, je rentre la tête dans les épaules, Eric et moi avons les pieds et les cuissards trempés. Il me manque juste 10° de plus pour que je me sente bien…!. Il faut se faire une raison. Sur 2 semaines de vacances, on a toujours une journée pourrie où, normalement, tout bon vacancier se tape la visite du musée du crayon à Petzouille-les-Oies, pour nous, ce sera le plateau de Millevaches « By Rain » (PS : pour ceux qui ne connaissent pas, le plateau de Millevaches, ça existe bien, c’est au cœur de la Creuse).
14H15 : pique-nique du midi, il commençait à faire faim mais impossible de s’arrêter plus tôt en raison du temps et aussi parce qu’il n’y avait strictement aucun endroit où pouvoir se poser.
Pauvre Manon, je n’ai pu changer sa couche une seule fois depuis ce matin. Juste un « pissou », Ouf ! on a évité la cata ! Les Pampers seront mises à rude épreuve aujourd’hui, car je ne pourrais la rechanger qu’en arrivant à la chambre en fin d’après-midi. Là, les circonstances sont exceptionnelles,
elle a dû comprendre l’urgence de la situation, d’ailleurs, car elle m’a épargné le « pire » !!!
Les filles ont été particulièrement patientes, avec cette pluie, elles sont bien à l’abri, presque au sec… En effet, le seul bémol des remorques Wogler, c’est le fond en toile. Avec toute cette pluie, le fond fini par être trempé à cause des éclaboussures. J’aurais dû glisser sous leurs pieds un grand sac plastique afin d’assurer une meilleure étanchéité. Elles ont les pieds mouillés. Je profite de la pause pour leur remettre des chaussettes sèches. En tout cas, je retiens l’idée du sac si jamais on refait ce genre d’expédition l’an prochain. Je suis tout de même satisfaite qu’elles soient bien installées et pas vraiment « traumatisées » par le fait que Papa et Maman soit trempés !Vérification, les bagages à l’arrière sont bien au sec. C’est déjà pas mal.
On reprend la route, avec pour objectif la chaleur bienfaisante d’une chambre d’hôtes d’ici quelques heures. Estimons-nous heureux, la météo prévoyait des orages. Aïe ! on se sent un peu vulnérables dans ce cas.
Globalement, ce sera déluge et froid toute la journée. Question sécurité, je suis bien contente de me taper autant de côtes. En descente, ça aurait été acrobatique. Il ne faut pas oublier le poids des remorques derrière, en cas de freinage, ça réagit moins bien, surtout sur sol mouillé.
Avec ce froid, Eric et moi devons souvent nous arrêter pour des « pauses-pipi », avec ce froid, on ne transpire pas mais on n’arrive pas à « retenir » l’eau. Gare aux crampes et aux tendinites, pour cela, on prend des vitamines de récupération matin et soir. Non! ce n’est pas du dopage !!! c’est en vente libre !
De Felletin à Gentioux, on se tapera 21 kilomètres de montée non-stop. Lentement mais sûrement, on pédale en rythme, en évitant de regarder le compteur. Impossible de faire une grosse moyenne : 8 km/h ! Impressionnant de lenteur ! Normalement, sur du plat, on fait environ du 13 ou 14 km/h avec la charge. Ça dure, c’est duuurrr… Sincèrement, on croit ne jamais en voir la fin !!! des heures passées à regarder ses godasses. Plus on monte, plus la pluie augmente en même temps que la température diminue. Gla-Gla ! On se croirait à la montagne, il y a du brouillard, des sapins… Gentioux est « perché » à plus de 800 mètres d’altitude, (Aubusson se trouve à environ 500 mètres). Aaahhh, je comprend mieux !!!
Il doit tout de même y avoir un micro climat dans le coin. C’est situé à environ 4 km du Lac de Vassivière. Croyez moi si vous le voulez, malgré cette météo, c’est MA-GNI-FIQUE !!! c’est justement ce paysage de montagne, cette atmosphère brumeuse particulière, qui créent le charme et le dépaysement. Et puis, petits « vermisseaux » que nous sommes, on est en train de se dépasser physiquement, c’est aussi propice à la positivité.
C’est dur et on en redemande chaque année!!! Pffff ! certains diront : c’est « portna wak » ! mais il faut absolument le vivre pour comprendre!
Anecdote du jour : On s’arrête dans un bled pour re-démonter la roue qui fait toujours « SHIT-SHIT » (en Hollandais dans le texte) On l’avait presque oubliée celle-là ... Parfois, ça s’arrête pour re-couiner de plus belle…
On choisit bien notre endroit : juste en face de 2 gendarmes qui attendent le chaland avec leur radar. HEP là ! Déjà que sous la pluie, ils n’ont pas l’air de s’amuser, mais avec nous en face, ça casse le « commerce » ! C’est sûr que de loin, on attire l’œil, avec notre « caravane ». Bonjour la discrétion ! ils commencent à remballer pour aller racoler ailleurs !
Petit message : Merci à la BMW grise immatriculée dans l’Eure qui nous a doublé à vive allure sous cette pluie en nous éclaboussant copieusement… Je pensais être déjà complètement trempée, en fait jusque-là, il devait me rester encore quelques petits centimètres carrés de chaussettes à peine humides, Pouf ! avec ce Tsunami, désormais, j’ai les pieds qui font Floc-Floc à chaque coup de pédale. Bon, faut prendre son mal en patience, je compte bien vider le ballon d’eau chaude à l’arrivée ce soir !
Gentioux : Ligne d’arrivée pour l’étape du jour. On range nos vélos et les remorques à l’abri dans le garage. Il faut tout décharger (c’est impressionnant ce qu’on a pu ranger dans les coffres) et remonter les affaires à la chambre avant de mériter une douche brûlante. Par chance, c’est un chauffage électrique, on en profite pour allumer à fond le radiateur de la salle de bain pour mettre à sécher toutes nos affaires. Je change enfin la couche à Manon. Les filles sont contentes, ce soir, elles partagent le même lit.
Home Sweet Home, on a même droit à des chaussons! petit détail mais quel pied!
On accepte la proposition de la table d’hôte ce soir, bien qu’au départ, (si le temps l’avait permis) nous avions prévu de pique-niquer. On s’est laissé tenté par la promesse d’un bon repas chaud, on a FAIM !!! on l’aura bien mérité après tout !
2ème sport de la journée pour moi : surveiller de très près nos « poupettes » tandis qu’on mange en compagnie d’un autre couple d’agriculteurs, très sympathiques, originaires de Loir et cher, et voisins des beaux-parents ! Partageant les même centres d’intérêts, VTT et rando, on passera une excellente soirée, malgré le tirage de tronche de la « tenancière ».
Le doutes était fondé quant à son sens de l’accueil. Eric avait encore vu juste d’après les différents contacts téléphoniques. Il avait usé de tout son talent pour la convaincre de nous louer la chambre. Usant un prétexte bidon à cause des filles, elle avait d’abord été réticente. Eric a joué la carte « vous êtes notre dernier espoir » car malheureusement, il n’y avait rien d’autre à louer dans le coin. Sans ça…
Son mari est assez sympa mais elle, c’est vraiment « je-fais-la-gueule.com ». C’est une ancienne instit’, elle a dû mal le vivre car elle ne supporte pas les gamins, c’est flagrant…Elle regarde de travers les filles, pas un mot gentil ... pourtant Clémence et Manon sont loin d’être terribles. Du coup, je redouble de vigilance si jamais elles touchent à quoi que ce soit. Résultat, je mange tiède et je suis sans arrêt obligée de me lever.
Ouf ! elle nous épargnera sa mauvaise compagnie en restant cantonnée dans sa cuisine. Un bon point tout de même, elle fait très bien à manger. On appréciera tout particulièrement sa terrine maison puis la daube de joues de bœuf accompagnée d’une purée maison. Un menu réconfortant après avoir été trempés comme des soupes.
Pense-bête : vu son amabilité, il faut absolument que je pense à retirer demain matin les couches sales de Manon, stockées sur le rebord de la fenêtre de notre chambre. Sans ça, les prochains clients qui voudront venir avec des enfants se verront refuser la réservation. Désormais, seuls les animaux seront tolérés… mais les enfants ne sont plus acceptés, trop de nuisances sonores et olfactives!!!
En tout cas, c’est plus pratique que le resto, on est sur place, juste quelques marches pour remonter à la chambre. Avant d’éteindre la lumière, je fini de relater cette journée dans mon carnet. Terrible ! afin de ne déranger personne, je n’ai rien trouvé de mieux que de m’installer sur les toilettes, au moins c’est un siège plus confortable qu’une selle de vélo et je profite de la chaleur de la salle de bain.
Le reste de l’équipage est déjà en train de ronfler.
La météo du lendemain devrait s’améliorer. Soyons optimistes, on ne peut pas avoir pire qu’aujourd’hui de toute façon.
On a fait 63,600 km aujourd’hui
Compteur connard : 0 (bon, je ne compte pas la BMW, on était déjà pas mal mouillés)
Le mot du jour de Clémence : « Maman, assieds-toi si tu veux ton sandouisse » !